ISHIKAWA Jun  Le Cerisier de montagne

Ishikawa Jun (1899‑1987) était un romancier au style marqué et un critique littéraire à la fois méditatif et analytique sur la littérature et le langage.

Dans ses romans, sa prose est si caractéristique qu’elle en devient singulière, parfois difficile à déchiffrer même pour des lecteurs japonais. 

Dans un passage tiré de ses « Fragments sur la discussion littéraire », il exprime sa conception de la prose :

La prose existe pour l’invention, et non pour parler de l’invention. Même si l’invention se manifeste par les mots, elle n’apparaît qu’en une forme partielle et déterminée. Tout comme la vie réside dans l’homme, un secret de genèse est inhérent aux choses. Quel que soit l’artifice que l’on tente pour parler des choses, leur secret s’échappe toujours.

La prose sert à inventer, mais ne peut saisir pleinement l’invention elle‑même, et le secret des choses échappe toujours aux mots, ce qui est typique de la pensée d’Ishikawa Jun.

Sa nouvelle « Le Cerisier de montagne » illustre bien sa prose. Dans ma traduction suivante, j’ai tenté de conserver son style autant que possible, afin que le lecteur français puisse en percevoir l’essence. 


Le Cerisier de montagne

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石川淳 「山櫻」 フランス語訳の試み 6/6  ISHIKAWA Jun, « Le Cerisier de montagne », essai de traduction en français 6 / 6

Voici la dernière partie du « Cerisier de montagne ».

わたしは椅子の上にくず折れ、もう一歩を踏み出す力もうせて、どこでどんな位置におかれていようとかまいなく、きょとんと眼を空に据えていた。しかし、決してぼんやりしているどころか、かかる場合にこそ到底ぼんやりしてなどいられるものではない。理性につながるわがための命綱がさいわいにまだ朽ちきっていないならば今こそ綱の端にすがらなければならないときだろう。だが、いったいどこの綱手をどう手繰れば鈴が鳴るというのか。堂堂たる理法の綾の中にまぎれこもうなどという贅沢な望みではなく、どんな頼りないことばの藁ぎれでもつかみたいとあえいでいる有様なのだが、それほどの手がかりさえぷっつり断たれているほどわたしは痴呆性だといよいよ相場がきまったのであろうか。それならそれで、わたしにも覚悟のきめようがあろうに・・・・・しかしその覚悟にたどりつくまでのゆとりもこのとき許されなかった。というのは、いつの間にか上って来た善太郎の声をついそばに聞かなければならなかったのだ。
「おじさん邪魔だよ。轢いちゃうよ、ぼう、ぼう。」

Je m’étais effondré sur ma chaise, incapable de faire un pas de plus, et, sans me soucier de l’endroit ni de la situation, je dirigeais vaguement les yeux vers le ciel. Mais, loin d’être distrait, c’était justement dans une situation pareille qu’il m’était absolument impossible d’être perdu. Si la corde de vie qui me reliait encore aux subtils entrecroisements des principes rationnels n’avait pas complètement pourri, c’était le moment ou jamais de m’attacher à son bout. Mais, où donc faudrait-il tirer sur cette corde de salut, et de quelle manière, pour qu’une clochette sonne ? Ce n’était pas un espoir de luxe que j’avais de me mêler aux entrelacs d’une noble logique, mais je m’acharnais à saisir un moindre brin de paille d’un mot peu fiable. Était-il établi qu’à ce point, où aucune prise ne subsistait, je sombrais dans la démence ? » Si tel était le cas, soit, je pourrais m’y résoudre… Mais à ce moment-là, on ne m’a pas laissé le temps de parvenir à cette résolution. Car, j’ai dû entendre la voix de Zentaro, qui montait je ne sais quand.
— Monsieur, vous êtes embarrassant. Je vais vous écraser,  whoo, whoo !

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石川淳 「山櫻」 フランス語訳の試み 4/6 ISHIKAWA Jun, « Le Cerisier de montagne », essai de traduction en français 4 / 6

À partir du sixième paragraphe, je vais les examiner un à un afin d’en mieux comprendre le sens.


「どうしたの、おじさん。上ろうよ、さあ。」
このときわたしの想像の中でわたしは善太郎の手を振りきってまっしぐらに門外に駆け出していたにも係らず、いつか雲を踏むような足どりで玄関を過ぎ露台へ通ずる階段を上っていたというのはもう他人の示す指先よりほかわたしには方向が・・・・・・いや、無意味なことをしゃべり出したものだ、今時分方向のあるなしがどうしたというのだ。じつはポオの書いたある人物のようにわたしはここでわが身が独楽になったと思いこみ、ぶんぶんからだを振りまわしかねない状態であったが、こうして階段の上に立ったわたしは鶯の谷渡りとでもいう独楽のすがたで、夢うつつの堺の糸に乗りながら、あれよと見る間にすべりのほる自分をどうしようもなかった。

 — Monsieur, qu’est-ce que vous faites ? Allez, montons.
  À ce moment, dans mon imagination, j’avais déjà repoussé la main de Zentaro et m’étais élancé droit dehors à travers le portail — Mais en réalité, je m’étais retrouvé en train de gravir les marches menant à la véranda, franchissant l’entrée d’un pas aussi incertain que si je marchais sur des nuages, et je ne pouvais me diriger qu’en suivant les doigts pointés par les autres… Non, voilà que je commence à parler de choses absurdes. Le sens d’une direction, en ce moment précis, qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? En vérité, tel un personnage de Poe, je m’étais cru transformé en toupie, au point d’être presque prêt à me laisser entraîner dans un tourbillon frénétique. Mais me voici maintenant debout en haut de l’escalier, dans une posture de toupie qui chanterait comme un rossignol traversant la vallée, suspendu à un fil tendu entre le rêve et la veille — et je ne pouvais rien faire pour arrêter ce moi-même qui glissait et montait à toute allure sous mes yeux.

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石川淳 「山櫻」 フランス語訳の試み 3/6  ISHIKAWA Jun, « Le Cerisier de montagne », essai de traduction en français 3 / 6

Voici le quatrième paragraphe.
Comme pour les paragraphes précédents, je divise le texte à chaque point afin de mieux saisir le style d’Ishikawa Jun.


森の涯というよりも森の一部を仕切った粗い柵の中にその家は建っているのだが、ひとは道を行きながらついそこに迷い入り、向うにエスパニヤ風の玄関を望むまでは大きい自然木の門を通り過ぎたことに気がつかないくらいだ。

Ce n’est pas tant à la lisière de la forêt, mais dans un enclos grossier, délimité à l’intérieur même du bois, que cette maison est construite ; et, alors que l’on marche sur le chemin, on s’y engage presque sans le remarquer, et tant qu’on n’a pas aperçu l’entrée de style espagnol au loin, on ne réalise pas qu’on a franchi le grand portail en bois naturel.

ここに、わたしはその門内の立木のあいだを歩きつつ先刻から奇怪にも額がじりじり焦げつくような感じに責め立てられ、太陽に近づくイカルさながら進むにつれて髪の根が燃えるばかりの苦しさに頭を一ふり揺り上げると、前面の二階に張り出した露台の上で、欄干にいかぶさる葉ごもりを透して二つの眼が爛爛とこちらを睨んでいた。

Alors que je marchais entre les arbres plantés à l’intérieur de ce portail, depuis un moment déjà, j’étais, de manière étrange, assailli au front par une sensation de brûlure lancinante ; avançant tel une pie qui s’approche du soleil, la douleur à la racine de mes cheveux devint si intense que je secouai vivement la tête, et c’est alors qu’à ce moment précis, à travers le feuillage recouvrant la rampe, deux yeux brillants me fixèrent d’un regard incandescent.

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石川淳 「山櫻」 フランス語訳の試み 2/6  ISHIKAWA Jun, « Le Cerisier de montagne », essai de traduction en français 2 /6

Voici le deuxième paragraphe.
Comme pour le premier paragraphe, je divise le texte à chaque point afin de mieux saisir le style d’Ishikawa Jun.


もっとも多少の因縁といえば、わたしはもう十二年ばかり前青山の判事の家で庭にただ一本の山桜の下に判事の娘の京子を立たせて写真をとったことがあるのだ。

S’il s’agit d’un certain lien, aussi mince soit-il, il y a environ douze ans déjà, j’ai pris une photo de Kyōko, la fille du juge d’Aoyama, debout sous un cerisier de montagne dans le jardin de la maison du juge.


当時わたしは写真に凝って三脚の附いた重いのをやたらにかつぎ廻ったものだが京子をとったのはそれ一度きり、たぶん京子がその春結婚する前に、これもわたしの遠縁にあたる吉波、現在は予備の騎兵大佐で某肥料会社の重役をつとめている善作のもとへ嫁ぐ前に記念のためというのでもあったか、父親の判事も縁先に出てうしろから眺めていたと思う。

À cette époque, je me passionnais pour la photographie, et je transportais mon appareil lourd avec trépied un peu partout, mais en ce qui concerne Kyōko, je ne l’ai photographiée qu’une seule fois ; sans doute était-ce juste avant son mariage ce printemps-là — elle devait épouser Yoshinami, un parent éloigné à moi, aujourd’hui colonel de cavalerie de réserve et directeur dans une certaine société d’engrais —, et je pense que c’était pour en garder un souvenir et que le père, le juge, était lui aussi sorti jusqu’au bout de la véranda japonaise pour observer la scène depuis l’arrière.

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石川淳 「山櫻」 フランス語訳の試み 1/6  ISHIKAWA Jun, « Le Cerisier de montagne », essai de traduction en français 1 / 6

石川淳(1899-1987)は、昭和を代表する小説家の一人であり、大変に魅力的な作品を多く残しているのだが、しかし、彼の和漢洋にわたる博識と凝りに凝った文体のために、現代の日本人には読みにくいと言わざるをえない。

Ishikawa Jun (1899-1987) est l’un des romanciers les plus représentatifs de l’ère Shōwa, et il a laissé une œuvre d’une grande richesse et d’un charme certain. Cependant, il faut bien reconnaître que, de nos jours, ses écrits sont difficiles à lire pour les Japonais contemporains, en raison de son érudition couvrant la tradition japonaise, chinoise et occidentale, ainsi que de son style extrêmement travaillé.

1936(昭和11)年に発表された「山櫻」もそうした作品の一つである。
最初の一文から複雑な構文の日本語が続き、しかも、第一段落が非常に長い。もちろん石川淳は、文の主語が明記されなくてもいいし、主語と述語が対応しなくても理解が可能な日本語の特色を十分に利用し、独自の文体を練り上げ、現実と心的真実が混在する「山櫻」の独特な世界を作り出している。

« Le Cerisier de montagne », publié en 1936, est l’un de ces ouvrages. Dès la première phrase, la langue japonaise y déploie des structures complexes, et le premier paragraphe, notamment, est d’une longueur remarquable. Bien sûr, Ishikawa Jun exploite pleinement les particularités du japonais, langue dans laquelle le sujet d’une phrase n’a pas besoin d’être explicitement exprimé, et où le prédicat peut être compris sans correspondance directe avec un sujet clair. Il a ainsi élaboré un style unique, donnant naissance à l’univers particulier du « Cerisier de montagne», où réalité et vérité intérieure se confondent.

ここではそうした石川淳の文章のニュアンスが、少しでもフランス人の読者に伝わるように心掛けながら、フランス語への翻訳を試みたい。
「その1」で翻訳するのは「山櫻」の第一段落のみで、改行はいっさいないのだが、石川淳の文体をよりよく知るためにも、句読点の丸が出てくる毎に文を分けて、少しづつ翻訳していくことにする。

Dans ce qui suit, je tenterai une traduction en français, en essayant de transmettre au mieux les nuances de l’écriture d’Ishikawa Jun, afin que les lecteurs francophones puissent en saisir ne serait-ce qu’une part.
Ci-dessous, je traduis uniquement le premier paragraphe du « Cerisier de montagne ». Celui-ci ne comporte aucune coupure, mais afin de mieux appréhender le style d’Ishikawa Jun, je diviserai le texte à chaque point final pour le traduire phrase par phrase.

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NATSUME Soseki, Dix nuits de rêves, « La sixième nuit »

NATSUME Soseki, Dix nuits de rêves,
« La sixième nuit »

On disait que le célèbre sculpteur Unkei était en train de tailler les divinités gardiennes, les Nio, à la porte du temple Gokoku-ji. Attiré par la rumeur, je m’y rendis en flânant. Une foule s’y pressait déjà ; chacun allait de son commentaire sur l’œuvre en cours.

À dix ou douze mètres devant le portail se dresse un grand pin rouge. Son tronc, incliné en biais, masque en partie le faîte de la porte et s’élance vers le ciel bleu, lointain. Le vert du pin et le vermillon de la porte se répondent l’un l’autre, en un contraste saisissant. Et que dire de son emplacement ! Le tronc, penché en oblique, ne gêne en rien la vue sur l’extrémité gauche du portail ; les branches, peu à peu, s’élargissent vers le sommet, dépassant même le toit — tout dans cette disposition dégage un air ancien. Cela évoque, peut-être, l’époque de Kamakura.

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 AKUTAGAWA Ryūnosuke Le Sourire des dieux 

« Le Sourire des dieux » d’AKUTAGAWA Ryûnosuke est une nouvelle, publiée en 1922, dans le numéro de janvier de la revue littéraire ‘Shin Shosetsu (Nouveau Roman)’, puis reprise dans le recueil intitulé Les Vêtements de printemps en 1923.

Le Sourire des dieux

Un soir de printemps, Padre Organtino marchait tout seul, en trainant derrière lui le bout de son vêtement sacerdotal, dans le jardin du temple NanBan.
Le jardin était abondant en plantes occidentales telles que des roses, des oliviers ou des lauriers, parmi les pins et les cyprès. En particulier, les rosiers, commençant à fleurir, exhalaient leur doux parfum sous une faible lumière du crépuscule qui obscurcissait les arbres, ce qui semblait ajouter à la tranquillité du jardin un charme mystérieux, quelque chose de peu japonais.
Organtino, à l’air triste et marchant dans un sentier de sables rouges, était plongé vaguement dans ses souvenirs. La sainte siège de Rome, le port de Lisbonne, le son du violon portugais appelé Rabeca, le goût des amandes, la chanson « Seigneur, tu es le Miroir de mon Âme » — tous ces souvenirs amenaient, dans le cœur de ce prêtre aux cheveux rouges, une tristesse nostalgique . Dans l’espoir de la dissiper, il se dit doucement le nom de Deus (Dieu). Mais, bien loin de disparaître, la tristesse s’étendait encore davantage, pesant lourdement sur sa poitrine.

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Ryūnosuke Akutagawa “Le Sourire des dieux” 7/7 芥川龍之介 「神々の微笑」

La suite de la partie 6/7 et la fin.

南蛮寺なんばんじのパアドレ・オルガンティノは、――いや、オルガンティノに限った事ではない。悠々とアビトのすそを引いた、鼻の高い紅毛人こうもうじんは、黄昏たそがれの光のただよった、架空かくう月桂げっけいや薔薇の中から、一双の屏風びょうぶへ帰って行った。南蛮船なんばんせん入津にゅうしんの図をいた、三世紀以前の古屏風へ。
 
(あおぞら文庫:https://www.aozora.gr.jp/cards/000879/files/68_15177.html

 Padre Organtino du temple Nanban, – non, ce n’est pas seulement lui. Trainant tranquillement le bout de son vêtement sacerdotal, les occidentaux aux cheveux roux et au nez haut, depuis les lauriers et les roses imaginaires flottant à la lumière crépusculaire, étaient rentrés dans une pair de paravents ; à l’intérieur des vieux paravents datant d’il y a trois cents ans, qui représentaient une scène de l’arrivée d’un navire Nanban au port (n. 25).

Note 25.

Il s’agit des paravents Nanban (barbares du sud), qui représentent des scènes de vie des commerçants occidentaux et des missionnaires en provenance d’Europe et généralement du Portugal.

En principe, ces paravents vont par paire, chacun ayant six panneaux. Entourées par le cadre de laque noire, les peintures sont réalisées en couleurs sur des feuilles de papier recouvertes de feuilles d’or.

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Ryūnosuke Akutagawa “Le Sourire des dieux” 6/7 芥川龍之介 「神々の微笑」

Voici la suite de la partie 5/7.

「まあ、御待ちなさい。御前おまえさんはそう云われるが、――」
オルガンティノは口をはさんだ。
「今日などは侍が二三人、一度に御教おんおしえ帰依きえしましたよ。」
「それは何人なんにんでも帰依するでしょう。ただ帰依したと云う事だけならば、この国の土人は大部分悉達多したあるたの教えに帰依しています。しかし我々の力と云うのは、破壊する力ではありません。造り変える力なのです。」
 老人は薔薇の花を投げた。花は手を離れたと思うと、たちまち夕明りに消えてしまった。

(あおぞら文庫:https://www.aozora.gr.jp/cards/000879/files/68_15177.html

« Mais, attendez. Vous dites ainsi, mais … »
Organtino intervint.
« Rien qu’auujourd’hui, deux ou trois samuraïs se sont convertis à notre sacrée religion. »
« Beaucoup de gens se convertiront sans aucun doute. Pourtant, Si on ne parle que de la conversion, la plupart des natifs de ce pays croient au culte de Siddhārtha. Néanmoins notre force ne consiste pas en celle de détruire, c’est la force de transformer.
Le vieillard jeta les fleurs de roses, qui, dès qu’elles quittèrent ses mains, disparurent immédiatement dans la lumière du soir.

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