Yin et Yang dans les Chroniques du japon 『日本書記』と陰陽の原理

Tout comme le Kojiki (Rapports des faits anciens, 712), le Nihon-shoki (Chroniques du Japon, 720) commence par raconter la genèse du monde divin, suivie de l’histoire du couple jumeau, Izanagi et Izanami, fondateur des îles (pays) et de diverses divinités.
Les faits mythologiques repris par ces deux ouvrages sont similaires. Cependant, il faut remarquer que c’est dans deux visions du monde, bien différentes, qu’ils sont racontés.

Pour savoir leur différence, il suffit de lire les premiers passages des Chroniques du Japon, qui se trouvent avant le Premier Commencement du Ciel et de la Terre et qui n’existent pas dans les Rapports des faits anciens.

Voici ma proposition de traduction littérale.

Autrefois, à l’époque où le Ciel et la Terre n’étaient pas encore séparés, de même que le Yin et le Yang ne l’étaient pas, tout était en chaos, semblable à un œuf, et contenait en lui un germe de la vie. Alors, ce qui était pur et clair devint le Ciel en flottant ; ce qui était lourd et impur devint la Terre en stagnant. Ce qui était exquis avait tendance à se rassembler facilement, tandis que ce qui était lourd et impur avait du mal à se coaguler. Par conséquent, d’abord le Ciel prit forme, puis la Terre s’établit. Et après tout cela, les divinités naquirent dans cet état.

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Le Kojiki Izanagi et Izanami au Pays d’Yomi 2/2 『古事記』 黄泉の国のイザナギとイザナミ

Izanami, étant décédée, est inhumée dans le Mont Hiba, alors qu’Izanagi part la revoir dans le Pays d’Yomi (la Fontaine Jaune).
Que représente l’épisode de cette visite ?

Ce qui se déroule entre ce couple jumeau dépasse grandement notre imagination. Le corps de la divinité féminine est dévorée par des vers. Terrifié par cette vision épouvantable, le mari tente de s’enfuir, tandis que la femme le poursuit avec l’aide de ses agents et à la fin, elle-même.
Finalement, Izanagi place un grand rocher sur la Pente d’Yomotsu-Hira-Saka afin de délimiter la frontière entre les deux domaines : celui de la vie et celui de la mort.

Remarquons qu’au moment où Izanagi rend visite à sa chère épouse, il n’existe aucune barrière entre le monde des vivants et le pays de la Fontaine Jaune. Si Izanami ne peut plus en sortir, c’est parce qu’elle a consommé de la nourriture de ce pays. Il semble que le monde des morts ne soit pas complètement séparé, ni hermétiquement clos, par rapport au monde des vivants.

Au retour du chemin, le rocher déposé sur la pente agit en tant que la démarcation décisive entre le domaine d’Izanagi vivant et celui d’Izanami morte.
Et si le visiteur se purifie après son retour dans son domaine, le pays qu’il a visité est considéré comme un lieu d’impureté, de saleté ou d’abjection.

On peut en conclure que la narration du Pays de la Fontaine Jaune témoigne de l’émergence de la conscience de deux dimensions du monde ; ce monde-ci et le monde de la transcendance, soit le ciel soit l’enfer.

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Le Kojiki Izanagi et Izanami  1/2 『古事記』 イザナギとイザナミ 

En passant de la narration du Premier Commencement du Ciel et de la Terre à celle du couple jumeau masculin et féminin, Izanagi et Izanami, le genre de la genèse subit un changement significatif ; les deux divinités donnent naissance à de nombreux enfants, d’abord sous la forme d’îles, puis de divinités.

Leur première tentative d’enfantement, consistant à abaisser une lance dans l’eau salée pour consolider la terre flottante peut être considérée comme un épisode intermédiaire entre le type du Devenir et celui de l’Enfantement.

Ensuite, les paroles échangées entre Izanagi et Izanami soulignent la différence de forme des corps masculin et féminin, mettant en valeur l’acte sexuel en vue de la procréation.

Pourtant, la naissance de la divinité du Feu ne provoque pas seulement le décès de sa mère, Izanami, mais surtout un genre de genèse ambigu ; diverses divinités naissent de matières émanant de leurs parents fondateurs, ainsi que des excréments d’Izanami, des larmes d’izanagi, etc.
On pourrait penser que la genèse, liée au concept de ‘Devenir’ revient à nouveau, tout en demeurant attribuée au couple jumeau en tant que parents.

Voici la traduction littérale que je propose du récit mythique d’Izanagi et Izanami dans le Kojiki.

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Le Kojiki Premier Commencement du Ciel et de la Terre 『古事記』 天地初発之時 

Le Koji-ki (古事記, Rapports des faits anciens, 712), écrit en japonais, nous permet de mieux éclaircir les fondements de la mentalité et de la vision du monde des Japonais, par rapport au Nihon-shoki (日本書紀、Annales du Japon, 720), rédigé en chinois.

Lisons d’abord comment le Kojiki raconte la genèse du monde divin. Voici la traduction littérale :

Lorsque le Ciel et la Terre se séparèrent pour la première fois, celui qui devint dieu dans les Plaines Célestes (Takama no Hara) fut le Dieu Maître du Centre du Ciel (Ame-no-Minakanushi-no-Kami) , puis le Dieu Sublime de la Force génératrice (Taka-mi-Musubi-no-Kami), puis le Dieu de la Force génératrice Divine (Kami-Musubi-no-Kami). Ces trois divinités surgirent chacune seules (en tant que dieux solitaires) et aussitôt, elles disparurent de la vue. (Kojiki)

Ici, nous assistons à la genèse des trois divinités, qui apparaissent spontanément sans intervention d’aucun Créateur. Il n’y a aucune force extérieure qui exécute l’acte de création, et ce trait caractérise fortement la nature de la genèse japonaise et la distingue radicalement de la Création du monde, telle qu’elle est narrée, par exemple, au début de la Bible :

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et toute nue, les ténèbres couvraient la face de l’abîme : et l’Esprit de Dieu était porté sur les eaux.
Or, Dieu dit : Que la lumière soit faite ; et la lumière fut faite. Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière d’avec les ténèbres. (Genèse)

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