
” Le Sourire des dieux ” de Ryūnosuke Akutagawa est une nouvelle, publiée en 1922 dans le numéro de janvier de la revue littéraire ‘Shin Shosetsu (Nouveau Roman)’, et reprise dans le recueil intitulé Les Vêtements de printemps en 1923.
Ici, je me permets de vous proposer d’abord ma traduction, puis le texte japonais y correspondant, ensuite les notes explicatives.
神神の微少
ある春の夕、Padre Organtino はたった一人、長いアビト(法衣)の裾を引きながら、南蛮寺の庭を歩いていた。
庭には松や檜の間に、薔薇だの、橄欖だの、月桂だの、西洋の植物が植えてあった。殊に咲き始めた薔薇の花は、木々を幽かにする夕明りの中に、薄甘い匂を漂わせていた。それはこの庭の静寂に、何か日本とは思われない、不可思議な魅力を添えるようだった。
オルガンティノは寂しそうに、砂の赤い小径を歩きながら、ぼんやり追憶に耽っていた。羅馬の大本山、リスポアの港、羅面琴の音、巴旦杏の味、「御主、わがアニマ(霊魂)の鏡」の歌 — そう云う思い出はいつのまにか、この紅毛の沙門の心へ、懐郷の悲しみを運んで来た。彼はその悲しみを払うために、そっと泥烏須(神)の御名を唱えた。が、悲しみは消えないばかりか、前よりは一層彼の胸へ、重苦しい空気を拡げ出した。
(あおぞら文庫:https://www.aozora.gr.jp/cards/000879/files/68_15177.html)
Le sourire des dieux
Un soir de printemps, Padre Organtino (n.1) marchait tout seul, en trainant derrière lui le bout de son vêtement sacerdotal, dans le jardin du temple NanBan (n.2).
Le jardin était abondant en plantes occidentales telles que des roses, des oliviers ou des lauriers, parmi les pins et les cyprès. En particulier, les rosiers, commençant à fleurir, exhalaient leur doux parfum sous une faible lumière du crépuscule qui obscurcissait les arbres, ce qui semblait ajouter à la tranquillité du jardin un charme mystérieux, quelque chose de peu japonais.
Organtino, à l’air triste et marchant dans un sentier de sables rouges, était plongé vaguement dans ses souvenirs. La sainte siège de Rome, le port de Lisbonne, le son du violon portugais appelé Rabeca, le goût des amandes, la chanson « Seigneur, tu es le Miroir de mon Âme » — tous ces souvenirs amenaient, dans le cœur de ce prêtre aux cheveux rouges, une tristesse nostalgique . Dans l’espoir de la dissiper, il se dit doucement le nom de Deus (Dieu). Mais, bien loin de disparaître, la tristesse s’étendait encore davantage, pesant lourdement sur sa poitrine.

Note 1 :
Organtino Gnecchi-Soldo, né à Casto del Sabbia (Brescia) en 1532 et mort à Nagasaki le 22 avril 1609, est un prêtre jésuite italien. Il a su s’attirer le respect d’un grand seigneur de guerre, Nobunaga Oda, et a construit un temple Nanban à Kyoto en 1576.

Note 2 :
Nanban signifie les barbares du sud. Et les temples qui porte ce nom recueillaient les missionnaires chrétiens et les convertis japonais au début de l’histoire de l’Église catholique au Japon. Ils étaient présents à Kyōto, Nagasaki, Edo, etc.
En utilisant le terme Deus au lieu de Dieu, les temples étaient également appelés Dé.ou.sou-ji ( ji = temple).
「この国の風景は美しい — 。」
オルガンティノは反省した。
「この国の風景は美しい。気候もまず温和である。土人は、―― あの黄面の小人よりも、まだしも黒ん坊がましかも知れない。しかしこれも大体の気質は、親しみ易いところがある。のみならず信徒も近頃では、何万かを数えるほどになった。現にこの首府のまん中にも、こう云う寺院が聳えている。して見ればここに住んでいるのは、たとい愉快ではないにしても、不快にはならない筈ではないか? が、自分はどうかすると、憂鬱の底に沈む事がある。リスポアの市へ帰りたい、この国を去りたいと思う事がある。これは懐郷の悲しみだけであろうか? いや、自分はリスポアでなくとも、この国を去る事が出来さえすれば、どんな土地へでも行きたいと思う。支那でも、沙室でも、印度でも、――つまり懐郷の悲しみは、自分の憂鬱の全部ではない。自分はただこの国から、一日も早く逃れたい気がする。しかし―― しかしこの国の風景は美しい。気候もまず温和である。……」
« Le paysage de ce pays est beau… »
Organtino se ravisa.
« Le paysage de ce pays est beau (n. 3). Le climat est tempéré avant tout. Quant aux peuples autochtones, peut-être, les noirs peuvent être moins mauvais que les petits au visage jaune. Pourtant, ils ont un tempérament relativement sympathique. De plus, le nombre des convertis japonais se multiplie ces derniers jours jusqu’aux dizaines de milliers. En effet, au centre de cette capitale (Kyoto), on voit ce genre de temps bien établi. Tout compte fait, il est vrai qu’il n’est pas plaisant d’y vivre, mais pas très désagréable, non plus, n’est-ce pas ? Néanmoins, il arrive que je me submerge au fond de la mélancolie. J’ai envie de retourner à la ville de Lisbonne, et de quitter ce pays. Est-ce la seule tristesse provoquée par le mal du pays ? Si je peux quitter ce pays, si ce n’est pas à Lisbonne, c’est ok à n’importe quel pays ; en Chine, au royaume de Siam ou en Inde. — En somme, cette tristesse due au mal du pays n’occupe pas mon entière tristesse. Je veux bien s’enfuir de ce pays dès que possible. Mais… Le paysage de ce pays est beau. Le climat est tempéré avant tout…. »
Note 3 :
La nature japonaise peut être considérée comme le Grand Tout, à la fois matériel et spirituel, auquel font partie intégrante les dieux.
Ce qui retient Organtino dans le pays des dieux, n’est pas seulement la mission chrétienne, mais aussi le charme de la beauté de la nature.
Il semble que le prêtre portugais soit à la fois répugné et fasciné par la civilisation japonaise.
オルガンティノは吐息をした。この時偶然彼の眼は、点々と木かげの苔に落ちた、仄白い桜の花を捉えた。桜! オルガンティノは驚いたように、薄暗い木立ちの間を見つめた。そこには四五本の棕櫚の中に、枝を垂らした糸桜が一本、夢のように花を煙らせていた。
「御主守らせ給え!」
オルガンティノは一瞬間、降魔の十字を切ろうとした。実際その瞬間彼の眼には、この夕闇に咲いた枝垂桜が、それほど無気味に見えたのだった。無気味に、――と云うよりもむしろこの桜が、何故か彼を不安にする、日本そのもののように見えたのだった。が、彼は刹那の後、それが不思議でも何でもない、ただの桜だった事を発見すると、恥しそうに苦笑しながら、静かにまたもと来た小径へ、力のない歩みを返して行った。
Organtino soupira. À cet instant, il regarda par hasard de pâles fleurs de cerisier, tombées sur les mousses parsemées à l’ombre des arbres. Cerisier ! Avec un air de surprise, il contempla entre les arbres assombris. Là, parmi quatre ou cinq palmes, un cerisier pleureur aux branches tombantes rendait ses fleurs vagues comme dans un rêve.
« Seigneur, protège-moi ! »
Organtino allait faire une croix d’exorcisme. En effet, le cerisier pleureur aux branches tombantes, qu’il a vu justement ce soir, lui paraissait extrêmement sinistre. Sinistre, … ou plutôt, cet arbre lui semblait tout comme le Japon lui-même, qui l’inquiétait pour quelque raison qu’il ne savait pas. Un instant après, il reconnut qu’il était un simple cerisier sans aucun mystère, et, en souriant honteusement, il retourna paisiblement d’un faible pas sur le sentier.
(à suivre)