石川淳 「山櫻」 フランス語訳の試み 1/6  ISHIKAWA Jun, « Le Cerisier de montagne », essai de traduction en français 1 / 6

石川淳(1899-1987)は、昭和を代表する小説家の一人であり、大変に魅力的な作品を多く残しているのだが、しかし、彼の和漢洋にわたる博識と凝りに凝った文体のために、現代の日本人には読みにくいと言わざるをえない。

Ishikawa Jun (1899-1987) est l’un des romanciers les plus représentatifs de l’ère Shōwa, et il a laissé une œuvre d’une grande richesse et d’un charme certain. Cependant, il faut bien reconnaître que, de nos jours, ses écrits sont difficiles à lire pour les Japonais contemporains, en raison de son érudition couvrant la tradition japonaise, chinoise et occidentale, ainsi que de son style extrêmement travaillé.

1936(昭和11)年に発表された「山櫻」もそうした作品の一つである。
最初の一文から複雑な構文の日本語が続き、しかも、第一段落が非常に長い。もちろん石川淳は、文の主語が明記されなくてもいいし、主語と述語が対応しなくても理解が可能な日本語の特色を十分に利用し、独自の文体を練り上げ、現実と心的真実が混在する「山櫻」の独特な世界を作り出している。

« Le Cerisier de montagne », publié en 1936, est l’un de ces ouvrages. Dès la première phrase, la langue japonaise y déploie des structures complexes, et le premier paragraphe, notamment, est d’une longueur remarquable. Bien sûr, Ishikawa Jun exploite pleinement les particularités du japonais, langue dans laquelle le sujet d’une phrase n’a pas besoin d’être explicitement exprimé, et où le prédicat peut être compris sans correspondance directe avec un sujet clair. Il a ainsi élaboré un style unique, donnant naissance à l’univers particulier du « Cerisier de montagne», où réalité et vérité intérieure se confondent.

ここではそうした石川淳の文章のニュアンスが、少しでもフランス人の読者に伝わるように心掛けながら、フランス語への翻訳を試みたい。
「その1」で翻訳するのは「山櫻」の第一段落のみで、改行はいっさいないのだが、石川淳の文体をよりよく知るためにも、句読点の丸が出てくる毎に文を分けて、少しづつ翻訳していくことにする。

Dans ce qui suit, je tenterai une traduction en français, en essayant de transmettre au mieux les nuances de l’écriture d’Ishikawa Jun, afin que les lecteurs francophones puissent en saisir ne serait-ce qu’une part.
Ci-dessous, je traduis uniquement le premier paragraphe du « Cerisier de montagne ». Celui-ci ne comporte aucune coupure, mais afin de mieux appréhender le style d’Ishikawa Jun, je diviserai le texte à chaque point final pour le traduire phrase par phrase.

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NATSUME Soseki, Dix nuits de rêves, « La sixième nuit »

NATSUME Soseki, Dix nuits de rêves,
« La sixième nuit »

On disait que le célèbre sculpteur Unkei était en train de tailler les divinités gardiennes, les Nio, à la porte du temple Gokoku-ji. Attiré par la rumeur, je m’y rendis en flânant. Une foule s’y pressait déjà ; chacun allait de son commentaire sur l’œuvre en cours.

À dix ou douze mètres devant le portail se dresse un grand pin rouge. Son tronc, incliné en biais, masque en partie le faîte de la porte et s’élance vers le ciel bleu, lointain. Le vert du pin et le vermillon de la porte se répondent l’un l’autre, en un contraste saisissant. Et que dire de son emplacement ! Le tronc, penché en oblique, ne gêne en rien la vue sur l’extrémité gauche du portail ; les branches, peu à peu, s’élargissent vers le sommet, dépassant même le toit — tout dans cette disposition dégage un air ancien. Cela évoque, peut-être, l’époque de Kamakura.

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 AKUTAGAWA Ryūnosuke Le Sourire des dieux 

« Le Sourire des dieux » d’AKUTAGAWA Ryûnosuke est une nouvelle, publiée en 1922, dans le numéro de janvier de la revue littéraire ‘Shin Shosetsu (Nouveau Roman)’, puis reprise dans le recueil intitulé Les Vêtements de printemps en 1923.

Le Sourire des dieux

Un soir de printemps, Padre Organtino marchait tout seul, en trainant derrière lui le bout de son vêtement sacerdotal, dans le jardin du temple NanBan.
Le jardin était abondant en plantes occidentales telles que des roses, des oliviers ou des lauriers, parmi les pins et les cyprès. En particulier, les rosiers, commençant à fleurir, exhalaient leur doux parfum sous une faible lumière du crépuscule qui obscurcissait les arbres, ce qui semblait ajouter à la tranquillité du jardin un charme mystérieux, quelque chose de peu japonais.
Organtino, à l’air triste et marchant dans un sentier de sables rouges, était plongé vaguement dans ses souvenirs. La sainte siège de Rome, le port de Lisbonne, le son du violon portugais appelé Rabeca, le goût des amandes, la chanson « Seigneur, tu es le Miroir de mon Âme » — tous ces souvenirs amenaient, dans le cœur de ce prêtre aux cheveux rouges, une tristesse nostalgique . Dans l’espoir de la dissiper, il se dit doucement le nom de Deus (Dieu). Mais, bien loin de disparaître, la tristesse s’étendait encore davantage, pesant lourdement sur sa poitrine.

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Des dieux japonais

Des dieux japonais

Qu’est-ce qu’un dieu (kami) pour les Japonais ? 
Voilà la question que je me pose afin d’expliciter les caractéristiques de l’esprit japonais et de suggérer ce que la pensée japonaise pourrait apporter aux Occidentaux.

On observe fréquemment que les Japonais ne font pas de distinction nette entre les dieux (kami) et les bouddhas : que ce soit dans un temple bouddhiste ou dans un sanctuaire shintô, ils joignent instinctivement les mains en prière. Même dans une église chrétienne ou une mosquée musulmane, ils s’adaptent spontanément aux coutumes et à l’atmosphère du lieu. Dans ces moments-là, ils ne s’interrogent guère sur l’objet de leur prière, n’ayant pas nécessairement une foi particulière dans les divinités ou entités religieuses présentes dans ces temples, sanctuaires, églises ou mosquées.

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