AKUTAGAWA Ryūnosuke Le Sourire des dieux 

« Le Sourire des dieux » d’AKUTAGAWA Ryûnosuke est une nouvelle, publiée en 1922, dans le numéro de janvier de la revue littéraire ‘Shin Shosetsu (Nouveau Roman)’, puis reprise dans le recueil intitulé Les Vêtements de printemps en 1923.

Le Sourire des dieux

Un soir de printemps, Padre Organtino marchait tout seul, en trainant derrière lui le bout de son vêtement sacerdotal, dans le jardin du temple NanBan.
Le jardin était abondant en plantes occidentales telles que des roses, des oliviers ou des lauriers, parmi les pins et les cyprès. En particulier, les rosiers, commençant à fleurir, exhalaient leur doux parfum sous une faible lumière du crépuscule qui obscurcissait les arbres, ce qui semblait ajouter à la tranquillité du jardin un charme mystérieux, quelque chose de peu japonais.
Organtino, à l’air triste et marchant dans un sentier de sables rouges, était plongé vaguement dans ses souvenirs. La sainte siège de Rome, le port de Lisbonne, le son du violon portugais appelé Rabeca, le goût des amandes, la chanson « Seigneur, tu es le Miroir de mon Âme » — tous ces souvenirs amenaient, dans le cœur de ce prêtre aux cheveux rouges, une tristesse nostalgique . Dans l’espoir de la dissiper, il se dit doucement le nom de Deus (Dieu). Mais, bien loin de disparaître, la tristesse s’étendait encore davantage, pesant lourdement sur sa poitrine.

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Ryūnosuke Akutagawa “Le Sourire des dieux” 7/7 芥川龍之介 「神々の微笑」

La suite de la partie 6/7 et la fin.

南蛮寺なんばんじのパアドレ・オルガンティノは、――いや、オルガンティノに限った事ではない。悠々とアビトのすそを引いた、鼻の高い紅毛人こうもうじんは、黄昏たそがれの光のただよった、架空かくう月桂げっけいや薔薇の中から、一双の屏風びょうぶへ帰って行った。南蛮船なんばんせん入津にゅうしんの図をいた、三世紀以前の古屏風へ。
 
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 Padre Organtino du temple Nanban, – non, ce n’est pas seulement lui. Trainant tranquillement le bout de son vêtement sacerdotal, les occidentaux aux cheveux roux et au nez haut, depuis les lauriers et les roses imaginaires flottant à la lumière crépusculaire, étaient rentrés dans une pair de paravents ; à l’intérieur des vieux paravents datant d’il y a trois cents ans, qui représentaient une scène de l’arrivée d’un navire Nanban au port (n. 25).

Note 25.

Il s’agit des paravents Nanban (barbares du sud), qui représentent des scènes de vie des commerçants occidentaux et des missionnaires en provenance d’Europe et généralement du Portugal.

En principe, ces paravents vont par paire, chacun ayant six panneaux. Entourées par le cadre de laque noire, les peintures sont réalisées en couleurs sur des feuilles de papier recouvertes de feuilles d’or.

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Ryūnosuke Akutagawa “Le Sourire des dieux” 6/7 芥川龍之介 「神々の微笑」

Voici la suite de la partie 5/7.

「まあ、御待ちなさい。御前おまえさんはそう云われるが、――」
オルガンティノは口をはさんだ。
「今日などは侍が二三人、一度に御教おんおしえ帰依きえしましたよ。」
「それは何人なんにんでも帰依するでしょう。ただ帰依したと云う事だけならば、この国の土人は大部分悉達多したあるたの教えに帰依しています。しかし我々の力と云うのは、破壊する力ではありません。造り変える力なのです。」
 老人は薔薇の花を投げた。花は手を離れたと思うと、たちまち夕明りに消えてしまった。

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« Mais, attendez. Vous dites ainsi, mais … »
Organtino intervint.
« Rien qu’auujourd’hui, deux ou trois samuraïs se sont convertis à notre sacrée religion. »
« Beaucoup de gens se convertiront sans aucun doute. Pourtant, Si on ne parle que de la conversion, la plupart des natifs de ce pays croient au culte de Siddhārtha. Néanmoins notre force ne consiste pas en celle de détruire, c’est la force de transformer.
Le vieillard jeta les fleurs de roses, qui, dès qu’elles quittèrent ses mains, disparurent immédiatement dans la lumière du soir.

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Ryūnosuke Akutagawa “Le Sourire des dieux” 5/7 芥川龍之介 「神々の微笑」

Voici la suite de la partie 4/7.

「ところが実際はあるのです。まあ、御聞きなさい。はるばるこの国へ渡って来たのは、泥烏須デウスばかりではありません。孔子こうし孟子もうし荘子そうし、――そのほか支那からは哲人たちが、何人もこの国へ渡って来ました。しかも当時はこの国が、まだ生まれたばかりだったのです。支那の哲人たちは道のほかにも、の国の絹だのしんの国の玉だの、いろいろな物を持って来ました。いや、そう云う宝よりも尊い、霊妙れいみょうな文字さえ持って来たのです。が、支那はそのために、我々を征服出来たでしょうか? 

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 « Mais si, il existe en fait ce qui l’emporte sur Deus. Veuillez bien m’écouter. Ce n’est pas seulement Deus qui est venu de loin dans ce pays. Confucius, Mencius, Zhuangzi — et d’autres philosophes sont venus de la Chine à travers la mer. À ces époques ce pays venait de naître. À part la pensée de la Voie, ils ramenaient les soies du royaume de Wu et les trésors de l’État de Qin, et tant d’autres. En outre, ils ont apporté les sacrés caractères chinois, plus précieux que ces genres de trésors. Pourtant, la Chine nous a-t-elle conquis ?

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Ryūnosuke Akutagawa “Le Sourire des dieux” 4/7 芥川龍之介 「神々の微笑」

Voici la suite de la partie 3/7.

オルガンティノは翌日のゆうべも、南蛮寺なんばんじの庭を歩いていた。しかし彼の碧眼へきがんには、どこか嬉しそうな色があった。それは今日一日いちにちの内に、日本の侍が三四人、奉教人ほうきょうにんの列にはいったからだった。
 庭の橄欖かんらん月桂げっけいは、ひっそりと夕闇に聳えていた。ただその沈黙がみだされるのは、寺のはとが軒へ帰るらしい、中空なかぞら羽音はおとよりほかはなかった。薔薇のにおい、砂の湿り、――一切は翼のある天使たちが、「人の女子おみなごの美しきを見て、」妻を求めにくだって来た、古代の日の暮のように平和だった。

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 Le lendemain soir aussi, Organtino se promenait dans le jardin du Temple Nanban. Ses yeux bleus paraissaient joyeux d’une certaine manière. C’est parce qu’en ce seul jour, trois ou quatre samuraïs se furent convertis au christianisme.
 Les burséracées et les lauriers se tenaient debout silencieusement au crépuscule. Ce qui troublait le silence était le seul bruit des ailes des pigeons rentrant aux auvents du temple. Le parfum des roses, l’humidité du sable, — tout cela semblait en paix comme le jour de l’Antiquité où les anges ailées, « à la vue de la beauté des filles humaines » (n. 11), avaient descendu pour trouver leurs épouses.

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Ryūnosuke Akutagawa “Le Sourire des dieux” 3/7 芥川龍之介 「神々の微笑」

Voici la suite de la partie 2/7.

人影は見るあざやかになった。それはいずれも見慣れない、素朴そぼくな男女の一群ひとむれだった。彼等は皆くびのまわりに、にぬいた玉を飾りながら、愉快そうに笑い興じていた。内陣に群がった無数の鶏は、彼等の姿がはっきりすると、今までよりは一層高らかに、何羽もときをつくり合った。同時に内陣の壁は、――サン・ミグエルのいた壁は、霧のように夜へ呑まれてしまった。その跡には、――

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 Cette ombre humaine devint soudainement une figure explicite. C’était un groupe d’hommes et de femmes, tous inconnus et simples. Avec des bijoux enfilés autour du cou, ils riaient et s’amusaient joyeusement. Les innombrables coqs, pullulant à l’intérieur du sanctuaire, se lancèrent davantage des cris de victoire entre eux. Alors, les murs du sanctuaire, – les murs sur lesquels Saint Michel était peint, avaient été avalés comme brouillard dans la nuit. Et sur leurs traces, ….

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Ryūnosuke Akutagawa “Le Sourire des dieux” 2/7 芥川龍之介 「神々の微笑」

Voici la suite de la partie 1/7.

 三十分ののち、彼は南蛮寺なんばんじ内陣ないじんに、泥烏須デウスへ祈祷を捧げていた。そこにはただ円天井まるてんじょうから吊るされたランプがあるだけだった。そのランプの光の中に、内陣を囲んだフレスコの壁には、サン・ミグエルが地獄の悪魔と、モオゼの屍骸しがいを争っていた。が、勇ましい大天使は勿論、たけり立った悪魔さえも、今夜はおぼろげな光の加減か、妙にふだんよりは優美に見えた。それはまた事によると、祭壇の前に捧げられた、水々みずみずしい薔薇ばら金雀花えにしだが、匂っているせいかも知れなかった。彼はその祭壇のうしろに、じっと頭を垂れたまま、熱心にこう云う祈祷を凝らした。

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Une demie-heure après, il consacrait une prière à Deus dans le sanctuaire du Temple Nanban. Là, il n’y avait qu’une lampe suspendue de la voûte. Sous sa lumière, sur les murs de fresques qui entouraient le sanctuaire, Saint Michel se disputait le corps de Moïse avec le Diable des Enfers (n. 4). Et pourtant, le vaillant Archange, et même le rugissant Diable, paraissaient plus gracieux que d’habitude, probablement sous l’effet d’une vague lumière de ce soir. Ou bien, ce devait être l’effet du senteur de la fraîcheur des roses et des genêts. Derrière l’autel, avec la tête baissée, il récita ardemment sa prière.

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Ryūnosuke Akutagawa “Le Sourire des dieux” 1/7 芥川龍之介 「神神の微笑」

” Le Sourire des dieux ” de Ryūnosuke Akutagawa est une nouvelle, publiée en 1922 dans le numéro de janvier de la revue littéraire ‘Shin Shosetsu (Nouveau Roman)’, et reprise dans le recueil intitulé Les Vêtements de printemps en 1923.

Ici, je me permets de vous proposer d’abord ma traduction, puis le texte japonais y correspondant, ensuite les notes explicatives.

神神の微少

ある春のゆうべ、Padre Organtino はたった一人、長いアビト(法衣ほうえ)のすそを引きながら、南蛮寺なんばんじの庭を歩いていた。
 庭には松やひのきあいだに、薔薇ばらだの、橄欖かんらんだの、月桂げっけいだの、西洋の植物が植えてあった。殊に咲き始めた薔薇の花は、木々をかすかにする夕明ゆうあかりの中に、薄甘いにおいを漂わせていた。それはこの庭の静寂に、何か日本にほんとは思われない、不可思議な魅力みりょくを添えるようだった。
 オルガンティノは寂しそうに、砂の赤い小径こみちを歩きながら、ぼんやり追憶に耽っていた。羅馬ロオマ大本山だいほんざん、リスポアの港、羅面琴ラベイカ巴旦杏はたんきょうの味、「御主おんあるじ、わがアニマ(霊魂)の鏡」の歌 — そう云う思い出はいつのまにか、この紅毛こうもう沙門しゃもんの心へ、懐郷かいきょうの悲しみを運んで来た。彼はその悲しみを払うために、そっと泥烏須デウス(神)の御名みなを唱えた。が、悲しみは消えないばかりか、前よりは一層彼の胸へ、重苦しい空気を拡げ出した。

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Le sourire des dieux

Un soir de printemps, Padre Organtino (n.1) marchait tout seul, en trainant derrière lui le bout de son vêtement sacerdotal, dans le jardin du temple NanBan (n.2).
Le jardin était abondant en plantes occidentales telles que des roses, des oliviers ou des lauriers, parmi les pins et les cyprès. En particulier, les rosiers, commençant à fleurir, exhalaient leur doux parfum sous une faible lumière du crépuscule qui obscurcissait les arbres, ce qui semblait ajouter à la tranquillité du jardin un charme mystérieux, quelque chose de peu japonais.
Organtino, à l’air triste et marchant dans un sentier de sables rouges, était plongé vaguement dans ses souvenirs. La sainte siège de Rome, le port de Lisbonne, le son du violon portugais appelé Rabeca, le goût des amandes, la chanson « Seigneur, tu es le Miroir de mon Âme » — tous ces souvenirs amenaient, dans le cœur de ce prêtre aux cheveux rouges, une tristesse nostalgique . Dans l’espoir de la dissiper, il se dit doucement le nom de Deus (Dieu). Mais, bien loin de disparaître, la tristesse s’étendait encore davantage, pesant lourdement sur sa poitrine.

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