Wakas sur les cerisiers

Depuis l’époque de Nara, les Japonais continuent à chanter les fleurs de cerisier à l’admiration de leur beauté éphémère.

Manyô-shû, recueil de dix-mille feuilles, composés vers le milieu du 8esiècle.

Kakinomoto no Hitomaro(ca. 660-ca. 724)

Fleurs de cerisier / éclore puis tomber / ainsi / ici on voit des gens / venir puis partir

桜花 咲きかも散ると 見るまでに 誰れかもここに 見えて散り行く

Yamabe no Akahito(ca. 700- ca. 736)

Dans les montagnes aux pieds étendus / les cerisiers / quelques jours de suite / s’épanouissent à tel point / pourquoi les attendre si amoureusement  ? 

あしひきの 山桜花 日並(けなら)べて かく咲きたらば いと恋ひめやも

Le Kokin wakashū, recueil de wakas de jadis et naguère, début du 10esiècle.

La préface de ce recueil, rédigée par Kino Tsurayuki (ça. 866-ca. 945) avec les caractères japonais nouvellement établis, est de la première importance pour comprendre l’esprit de la tradition de la poésie japonaise.

Le chant du Yamato germe dans le cœur de l’homme, et s’épanouit en un feuillage de myriades de paroles. C’est ainsi que les hommes vivent en ce monde, puisque diverses sont leurs expériences, expriment ce qu’ils éprouvent en leur cœur au moyen de ce qu’ils voient, de ce qu’ils entendent. Du rossignol qui chante dans les fleurs, des la grenouille qui habite les eaux, entendez la voix : de tous les êtres qui vivent ce qui s’appelle vivre, qui ne chante pas son chant ? Ce qui, sans déploiement de force, ébranle ciel et terre, émeut jusqu’aux démons invisibles, adoucit les relations entre hommes et femmes, apaise même le cœur des fiers guerriers : voilà ce qu’est le chant.
 (traduction par René Sieffert dans la Littérature japonaise, Armand Colon, 1961, p. 43)

仮名序:
やまとうたは、人の心を種として、万の言の葉とぞなれりける 世の中にある人、ことわざ繁きものなれば、心に思ふ事を、見るもの聞くものにつけて、言ひ出せるなり 花に鳴く鶯、水に住む蛙の声を聞けば、生きとし生けるもの、いづれか歌をよまざりける 力をも入れずして天地を動かし、目に見えぬ鬼神をもあはれと思はせ、男女のなかをもやはらげ、猛き武士の心をも慰むるは、歌なり。

Ariwara no Narihira (825-880)

Dans ce monde / s’il n’y avait / aucun cerisier / combien se sentirait-on le cœur / serein au printemps

世の中に 絶えて桜のなかりせば 春の心はのどけからまし

Ono no Komachi (ca. 825- ca 900)

La couleur de fleur / s’est estompée / en vain / je passais dans ce monde / en contemplant

花の色はうつりにけりないたづらに わが身世にふるながめせしまに

Le Shin Kokin Wakashū, nouveau recueil de wakas de jadis et naguère, début du 13esièce.

Saigyō (1118-1190)

Je désirerais / au-dessous des fleurs de cerisier / mourir au printemps / vers la période de la pleine lune / de l’ancien mois de février

願わくば 花の下にて春死なむ その如月の望月の頃

Fujiwara no Teika (1162-1241)

Les printemps passés / tombent en neige profonde / les fleurs en ombre / trouve-t-on awaré / moi qui me décline

春をへて みゆきになるる 花の陰 ふりゆく身をも あはれとや思ふ

Un autre chant de Teika.

Fleurs de cerisier / depuis le jour de leur épanouissement / Mont Yoshino / en harmonie avec le ciel / sent bon la blanche neige 

桜花 咲きにし日より吉野山 空もひとつに かほる白雪

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