
Le titre de ce petit poème, « Romance sans paroles » vient sans aucun doute de celui du recueil de Paul Verlaine, Romances sans parles. Celui-ci se calque de son côté sur « Lieder ohne Worte (songs without words) » de Mendelssohn.
Chūya, tout en reconnaissant sa dette poétique envers Verlaine, chante un poème de Ça sur la trace de « C’est l’extase langoureuse », premier vers de « Ariettes oubliées I ».
https://bohemegalante.com/2019/07/10/verlaine-ariettes-oubliees-i/
Romance sans paroles
Ça se trouve au loin
Je dois attendre ici
Ici l’air est rare et pâle
Clair et faible comme racine de ciboule
Il ne faut jamais se presser
Il faut suffisamment attendre ici
Il ne faut pas regarder au loin comme l’œil de jeune vierge
Il suffit d’attendre ici
Or, ça était en brume au loin sous le couchant
Ça était faible et gros comme le son de la flûte
Pourtant il ne faut jamais courir vers ça.
Il faut attendre ici.
Cependant la respiration ardente s’apaisera bientôt
Il est certain de pouvoir arriver là-bas
Pourtant, comme une fumée de cheminée
Au loin, au loin, ça flotte pour toujours au ciel enflammé.
Selon Chūya Nakahara, Rimbaud est un payan et sa croyance ne consiste qu’en « l’extase sensitive et totale ».
Chūya la détecte dans ces trois vers :
Braises de satin,
Votre ardeur
Est le devoir. (L’Éternité)
繻子の肌した深紅の燠(おき)よ、
それそのおまへと燃えてゐれあ
義務(つとめ)はすむといふものだ、
Toujours selon Chûya, Rimbaud est arrivé à deviner cet « Archétype de la Vie », impossible à exprimer avec les paroles. Pour ainsi dire, c’est une île de trésors dont les chemins sont perdus. Si bien que la poésie rimbaldienne échappe fatalement aux « humains suffrages » et aux « communs élans ».
Par contre, Verlaine sait y arriver grâce à son optimisme. Il songe au rêve de Rimbaud d’une manière très insouciante, et associe le rêve à la vie réelle.
(Postface de latraduction des poèmes de Rimbaud,)
Or, l’extase sensitive et totale est indicible et on ne la désigne que par ça.
Dans « Romance sans parles », Chûya Nakahara suit Verlaine sur le mode majeur, avec un optimisme rare chez eux malgré le dire de Nakahara à propos de Verlaine, qui est considéré plutôt comme un poète du mode mineur.
言葉なき歌
あれはとおいい処(ところ)にあるのだけれど
おれは此処(ここ)で待っていなくてはならない
此処は空気もかすかで蒼(あお)く
葱(ねぎ)の根のように仄(ほの)かに淡(あわ)い決して急いではならない
此処で十分待っていなければならない
処女(むすめ)の眼(め)のように遥(はる)かを見遣(みや)ってはならない
たしかに此処で待っていればよいそれにしてもあれはとおいい彼方(かなた)で夕陽にけぶっていた
号笛(フィトル)の音(ね)のように太くて繊弱(せんじゃく)だった
けれどもその方へ駆け出してはならない
たしかに此処で待っていなければならないそうすればそのうち喘(あえ)ぎも平静に復し
http://nakahara.air-nifty.com/blog/2012/04/post-4a41.html
たしかにあすこまでゆけるに違いない
しかしあれは煙突の煙のように
とおくとおく いつまでも茜(あかね)の空にたなびいていた
初めて、コメントさせていただきます。
カミキです。
中也の解説をフランス語で詠むことは、とても刺激的でした。
久しぶりにフランス語で詩を口ずさんでみましたが、やはり、気分が軽やかになります。
今、フランスにいるお寺さんにも、ぜひ読んでほしいですね。
ひとつ気になったことあります。
第1連の«racine de ciboule»です。
個人的に「葱」というワードに生活感を感じ、詩全体の幻想的なイメージに対し、違和感を感じました。
そういうものといってしまえば、そうなのですが、何か二次的読みができるのでしょうか…
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コメント、ありがとうございます。
中也は、様々なレベルの語彙を混在させています。古語あり、俗語あり、自分で作ったような戯けた言葉等。
そのでこぼこ感が詩の面白さの一つだと思います。
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